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Par Anonyme, le 10.11.2025
imposteur
Par Anonyme, le 25.10.2025
l'auteur se fait plaisir
Par Anonyme, le 20.08.2025
nombrilisme cinéphile !
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nombrilisme cinéphile
Par Anonyme, le 12.08.2025
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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
07.12.2025
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Cat Ballou est-il un western ou bien une comédie ? Introduit par un prologue musical, le film débute par une complainte chantée en duo par l'immense Nat King Cole et le plus méconnu Stubby Kaye (revu en fin de carrière dans Qui veut la peau de Roger Rabbit) qui s'accompagnent au banjo et nous conduisent d'une potence à une cellule dans laquelle Cat Ballou attend qu'on l'éxécute. Qui est cette Cat Ballou ? Les paroles de la chanson la présentent alternativement comme un ange ou un démon, sous les traits irrésistibles de Jane Fonda. Aventurière au parcours tumultueux, sorte de Calamity Jane du Wyoming, Catherine Ballou n'est pourtant pas prédestinée à chausser bottes de cowboy, porter ceinturon et surtout terminer comme une vulgaire criminelle.
Jeune fille très comme il faut, petite poupée sucrée qui voyage dans l'Ouest en robe et chapeau de paille, Catherine Ballou rêve de grands espaces. On peut même dire que sous la blouse de l'institutrice qui s'en retourne vers le ranch de son père (John Marley, solide second rôle vu notamment dans Le Carrefour de la mort et dans Le Parrain) fantasme un esprit épris de littérature populaire, frémissant aux exploits des outlaws de papier. Tandis qu'elle se dirige vers sa couchette, un faux prêtre entreprend de délivrer un truand (Michael Callan vu beaucoup sur le petit écran) que convoie un shérif en costume (Bruce Cabot). Tout cela filmé comme une aimable plaisanterie, sur une musique entrainante et dans un wagon de studio aux fenêtres obstruées de telle manière que les techniciens n'aient même pas besoin de faire défiler un paysage de carton en arrière plan. Le ton est donné : ce western là n'est pas du plus grand sérieux avec ses quiproquos et cette séquence à la Certains l'aiment chaud où l'évadé se réfugie auprès de Cat Ballou et la gratifie d'un baiser appuyé, après qu'elle ait contribué malgré elle à l'aider dans sa fuite.
Quand Cat arrive enfin sur les terres familiales, c'est pour apprendre que le caractère ombrageux de son père a fâché nombre de riverains, lesquels ont engagé un sinistre individu qui apparaît tel un fantôme, le visage fermé réhaussé d'un nez de fer campé par Lee Marvin, qui pour son double rôle empochera l'année suivante et contre toute attente l'Oscar du meilleur acteur, coiffant sur le poteau Laurence Olivier, Oskar Werner le mal prénommé, Rod Steiger et Richard Burton (nominé trois années de suite, en vain). Essentiellement formé à la télévision, Elliot Silverstein reviendra par la suite au western sur un ton nettement plus ethnographique, réussissant avec Un Homme nommé Cheval un classique porté par l'incandescent Richard Harris. Ici, il est épaulé par Yakima Canutt, immense cascadeur qui permit à Hollywood d'atteindre un niveau d'excellence assez incomparable en matière de bagarres et de chutes à l'écran, dont on peut penser qu'il n'est pas étranger à la séquence du bal qui se termine en pugilat géant à la Blake Edwards ou à la Mel Brooks, avec pour élément déclencheur une querelle verbale fondée sur des propos racistes proférés à l'encontre du valet de ferme des Ballou, jeune indien interprété par Tom Nardini.
Enrôlant à son tour un tireur d'élite, le Kid Shelleen, qui se révèle être un poivrot incapable d'atteindre sa cible (Lee Marvin de nouveau, attifé de bouclettes argentées tel un Harpo Marx de saloon) pour se protéger de l'adversité ambiante, le clan Ballou ne peut empêcher l'autre Marvin de venir assassiner lâchement le patriarche. Flanquée du duo de compères rencontré dans le train, de son employé et d'un Lee Marvin qui n'est plus que l'ombre aviné de la légende de l'Ouest qu'il fut au point de devenir un héros de papier, Cat/Fonda décide de mener une vendetta exemplaire après avoir été expropriée de son domaine à la mort de son père. Et le seul procédé qui lui vient à l'esprit pour se renflouer c'est l'attaque d'un train à la manière de Kid Shelleen, entreprise hasardeuse qui se solde néanmoins par une attaque payante. Au terme de laquelle Marvin encore saoul est victime de son cheval emballé, trimballé dans tous les sens et en accéléré.
Moins picaresques qu'invraisemblables, ces aventures offrent donc à Lee Marvin un double rôle manichéen qui l'amuse visiblement, notamment lorsque tel un champion de boxe déchu il entreprend de reconquérir son titre de grand pistolero en s'entrainant sans coup férir, délaissant la boisson pour un régime spartiate, allant jusqu'à s'engoncer dans un corset féminin pour affiner sa silhouette, dans une séquence d'habillage rituel évoquant sur un air mexicain un toréador revêtant ses habits de lumière avant d'entrer dans l'arène pour y affronter le taureau. En l'occurrence, son ennemi qu'il expédie ad patres sans que la mise en scène se sente obligée de nous fournir de trucages élaborés, puisque le duel tant attendu accouche d'un hors champ aussi pratique qu'inattendu.
Le scénario envoie ensuite Cat Ballou charmer à dessein le riche propriétaire terrien à l'origine du meurtre de son père, qu'elle abat accidentellement, raison pour laquelle elle se trouve donc derrière les barreaux, attendant de monter au gibet. Bien évidemment, elle échappe à la sentence grâce à l'intervention prévisible de ses acolytes, Lee Marvin ayant repris ses bonnes vieilles habitudes saoulographiques et semant la pagaille presque malgré lui dans la ville en folie. Avant que Nat King Cole ne ponctue le spectacle d'un ultime couplet, rendant l'ensemble gentillet et particulièrement inoffensif d'un point de vue purement westernien. Même si Lee Marvin est savoureux dans ce double rôle, il cabotine plus souvent qu'à son tour et son Oscar sans être forcément usurpé au regard de son éminente carrière procède d'un choix d'autant plus insolite qu'il ne sera même pas en lice quand il campera avec autrement plus de profondeur un certain Monte Walsh (déjà évoqué sur ce blog). Et que le "Cat" du titre ne fait nullement référence à son personnage, qui n'est pas plus présent sur l'affiche ! Les voix des Oscars sont parfois bien impénétrables...
Sébastien Socias