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Par Anonyme, le 10.11.2025
imposteur
Par Anonyme, le 25.10.2025
l'auteur se fait plaisir
Par Anonyme, le 20.08.2025
nombrilisme cinéphile !
Par Anonyme, le 12.08.2025
nombrilisme cinéphile
Par Anonyme, le 12.08.2025
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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
07.12.2025
219 articles
Tourné pour le compte de la Republic, autrement dit l’un des plus petits studios de la place hollywoodienne qui produira cependant entre deux serials L’Escadron Noir de Walsh, le Macbeth d’Orson Welles, L’Homme Tranquille et Rio Grande de Ford et Johnny Guitare de Nicholas Ray, ce western au féminin débute par un prologue rappelant le contexte historique du film à travers une suite de stock-shots typique de ce genre de séries B.
Nous sommes donc quelque part entre le Kansas et le Missouri, dans les monts Ozark, enclave décrite comme une ville bondée et grouillante de monde ce que dément du reste la séquence d’ouverture où un gamin traverse la rue principale de Border City désertée à l’exception d’un homme assez âgé grattant les cordes de son instrument de musique depuis son rocking-chair.
La guerre de Sécession fait encore rage en cette année 1865 et l’évocation des exploits de Quantrill, des frères James et autres outlaws, susceptibles de trouver refuge dans cette zone neutre débouche bientôt sur une réalité tout aussi violente.
Car on découvre rapidement que l’absence de citoyens dans les parages est due à un lynchage en règle qui rassemble un peu plus loin toute la bonne société du lieu et notamment une certaine Miss Courtney, matrone qui n’est autre que le maire de la ville, rôle tenu fermement par Nina Varela.
La caméra d’Allan Dwan, réalisateur trois ans plus tard de l’impérissable Deux rouquines dans la bagarre, nous emmène dans la foulée en pleine campagne dans la roue d’une diligence arraisonnée par l’armée venue là protéger la contrée des menées sanglantes de la bande du fameux Quantrill accusé d’avoir assassiné 182 personnes dans le Kansas. A son bord, une dénommée Sally Marris (Joan Leslie, la Velma du High Sierra de Raoul Walsh) venue rendre visite à son frère (Reed Hadley), tenancier d’un hôtel.
Soudain, c’est l’escarmouche. La bande de Quantrill surgit des collines alentour et se rue sur la diligence protégée par les Tuniques Bleues mais la cavalerie peine à tenir tête aux bandits sudistes qui renversent la diligence et s’en emparent tandis que les militaires se battent sabre au clair, vendant cher leur peau. Impitoyablement, Quantrill (campé par le solide Brian Donlevy assurément trop vieux pour le rôle si on se réfère à la vérité historique puisque Quantrill périt à moins de trente ans quand Donlevy était déjà quinquagénaire) et sa bande les exterminent jusqu’au dernier.
On découvre alors à ses côtés celle qu’il présente comme sa femme, jouée par Audrey Totter (Nous avons gagné ce soir) et son bras droit Cole Younger auquel Jim Davis (le futur doyen Jock Ewing de la série Dallas) prête ses traits. La diligence repart avec à son bord une Joan Leslie effarée par tant de violence et un jeune Jesse James figuré par le non moins sémillant Ben Cooper qu’on retrouvera l’année suivante dans Johnny Guitar.
Le temps d’arriver en ville et Jesse James et rejoint par son frère Frank, tandis que Joan Leslie retrouve le sien (alias Reed Haidley qui fut un convaincant Zorro dans Zorro et ses légionnaires, un fort estimable serial réalisé en 1939 William Witney). Histoire de corser le tout, on s’aperçoit alors que le frère de Joan Leslie devait épouser celle qui est devenue la compagne de Quantrill, lesquels débarquent à leur tour dans cet hôtel où voisinent donc les plus fameux desperados de l’époque. Audrey Totter en profite pour pousser la chansonnette mais la musique n’adoucit pas vraiment les mœurs puisque Reed Haidley s’échauffe en l’entendant, dégaine et reçoit en retour une volée de plombs.
Persuadée qu’elle est la cause de ce drame, Leslie traite Totter ‘’d’espèce de meurtrière répugnante’’. La guerre est déclarée entre les deux femmes tandis que Leslie hérite inopinément du saloon de son frère et que l’assassin de ce dernier interprété par John Lund (La Scandaleuse de Berlin) se propose de la protéger. On découvre dans la foulée que la maire ne manque pas d’aplomb puisqu’elle intime à Quantrill/Donlevy l’ordre de quitter sa ville, avant de recevoir Leslie qui recherche un emploi honnête, envisageant de vendre le saloon qu’elle va finalement se résoudre à reprendre pour régler les dettes de son frère, joueur impénitent décidément malchanceux à tous niveaux.
D’une séquence à l’autre, Joan Leslie se transforme en exubérante tenancière d’un établissement dans lequel Lund qui en pince visiblement pour elle n’est plus le bienvenu. Sudiste convaincu, il renâcle à faire affaire avec Quantrill qu’il considère comme un renégat qui ne lui laisse guère le choix pour lui fournir du plomb. Moulée dans un pantalon de cuir, Totter remet les pieds avec son mari dans le saloon où Cole Younger jette son dévolu sur Leslie en peu trop rudement au goût de Jesse James qui la protège malgré son gabarit guère impressionnant au regard de celui de Jim Davis.
A l’autre bout du bar, Totter reçoit une gifle de son mari pour lui remettre les idées en place quand deux hommes poussent les portes battantes du saloon pour annoncer que des troupes sudistes campent nuitamment aux abords de la ville, provoquant une scission entre les buveurs des deux camps. Ce ne sont cependant pas les hommes qui en viennent aux mains mais Totter et Leslie qui se crêpent méchamment le chignon, Totter recevant une correction corsée jusqu’à ce que Leslie l’étende raide pour le compte et l’expédie dehors, sans que Quantrill y trouve à redire sinon qu’il n’aurait pas fait mieux.
Western au féminin nettement moins fameux que Johnny Guitar, Femme de feu ou Quarante Tueurs, cette Femme qui faillit être lynchée dénote cependant dans le tout venant de la production des fifties grâce au savoir faire de Dawn (1885-1981) qui en cinquante ans de carrière, de 1911 à 1961, tourna la bagatelle de plus de 400 films rien moins, dont nombre de bandes muettes.
Avec ces femmes d’action autour desquelles pivote l’intrigue, à la fois séduisantes et sans pitié, le scénario s’autorise des détours assez surprenants quand Leslie finit par succomber au charme de l’assassin de son frère, aussi prompte à embrasser celui-ci qu’à se lancer dans un gunfight avec Totter, certainement l’un des duels de l’histoire du western hollywoodien les plus méconnus.
Entre algarades armées pour les beaux yeux de Leslie entre Lund et Davis et bataille rangée en forme de guerre civile dans la Main Street de Border City, le film ne manque pas d’allant ni de magnanimité quand Leslie recueille chez elle Potter tombée à bas de son cheval au beau milieu de la fusillade. Dwann abandonne provisoirement les deux femmes pour suivre Quantrill dans sa fuite puis revient vers elles pour permettre d’entonner une nouvelle ensorcelante chanson écrite par Peggy Lee.
Solidarité féminine oblige, Kate Quantrill échappe à la vindicte de l’armée nordiste dont le chef se fait gentiment vamper par celle-ci à son insu, laquelle aspire à une nouvelle vie loin de son mari (une version totalement fantasque puisque Kate King épousa Quantrill quand elle avait à peine treize ans et qu’elle n’en avait guère que dix-sept ans à la mort du guerillero confédéré).
Afin d’éviter que son bien-aimé ne tombe aux mains des Yankees, Leslie imagine un stratagème pour se faire passer pour l’espionne sudiste qu’elle n’est pas, qui fonctionne si bien qu’elle se retrouve sur le point d’être lynchée sans autre forme de procès. Fort heureusement, Totter surgit pour la sortir de là en attirant à elle des soldats bien peu réactifs et pas franchement courageux qui préfèrent la laisser filer que de tomber nez à nez avec une poche rebelle.
Avec son happy end annonçant la fin de la guerre, le film se clôt sur une liesse qui voit l’amour triompher et accessoirement l’arbre à pendaison abattu sine die. Divertissement jamais réaliste se gardant d’aborder la question de l’esclavage pourtant centrale quand on songe aux causes déclencheurs de la guerre de Sécession, le film a surtout le grand mérite d’offrir de jolis rôles à ces interprètes féminines, proposé par Sidonis dans une belle copie en noir et blanc assortie des commentaires toujours érudits de Bertrand Tavernier et Patrick Brion.
Sébastien Socias