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Dernière mise à jour : 19.11.2025
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SEPT HOMMES A ABATTRE : LEE MARVIN FACE À RANDOLPH SCOTT

Publié le 17/11/2022 à 09:09 par vivelewestern Tags : image prix sur chevaux cheval bonne merci vie coup homme femme nuit film center centerblog
SEPT HOMMES A ABATTRE : LEE MARVIN FACE À RANDOLPH SCOTT

Sept Hommes à abattre (1956)

de Budd Boetticher 

& Colt 45 (1950)

d’Edwin L. Marin

 

Dans les années 50, les spectateurs américains qui se rendaient dans les salles obscures pouvaient voir deux films à la suite, pour le prix d’un unique billet. Les exploitants pratiquaient alors le « double programme », qui consistait à associer un film de standing (comme produit d’appel), complété d’une série « B ».

Typiquement, « Colt 45 », un petit western de 1950 tourné dans le sillage de « Winchester 73 », était l’un de ces films de complément. C’est un véhicule pour la star Randolph Scott, sur une durée très ramassée (1h15). En si peu de temps, difficile de faire dans le détail. Disponible dans une mauvaise copie (distribuée par ESC), « Colt 45 »[1] souffre d’une simplification extrême des motivations des personnages et d’une somme de raccourcis qui mettent à mal la continuité de l’action, donc la cohérence du récit.

Parfois, la formule fonctionne mieux : c’est le cas pour « Sept Hommes à abattre » réalisé par Budd Boetticher, toujours avec Randolph Scott, et d’une durée équivalente. Autant « Colt 45 » est insignifiant, autant le film de Boetticher, produit par la Batjac de John Wayne pressenti un temps pour jouer le rôle tenu par Scott, nous marque durablement. Peut-être parce que l’excellent scénario est signé d’un maître du genre : Burt Kennedy.

Bien interprété, bénéficiant de quelques situations originales et d’une bonne dose de twists, « Sept Hommes à abattre » alias Seven men from now est même meilleur que la moyenne pour les westerns de l’époque.

On ne peut toutefois pas le comparer aux chefs-d’œuvre de la période : « Vera Cruz » (1954), « L’Homme qui n’a pas d’étoile » (1955) ou encore « La Prisonnière du désert » (1956).

Dès la première image, « Sept Hommes à abattre » affiche sa volonté de sortir des sentiers battus. La nuit, sous une pluie abondante, un homme entre, de dos, dans le champ de la caméra. Il se dirige vers deux hommes abrités dans une grotte qui se montrent particulièrement méfiants, comme s’ils avaient quelque chose à se reprocher.

On sent bien que Randolph Scott (l’homme de dos) n’abat pas non plus toutes ses cartes… Au terme d’un bref échange (« on ne s’est pas déjà vu quelque part ? »), un des deux hommes dégaine son revolver. Boetticher ne nous montre pas le gunfight. On entend seulement les tirs : le réalisateur est passé directement à un plan sur les chevaux attachés à l’extérieur de la grotte, luisants sous la pluie et agités par le bruit.

Dans la séquence qui suit, on retrouve Randolph Scott, vainqueur de l’affrontement à bout portant, chevaucher sous le soleil, au petit matin.

Au détour d’une piste, il rencontre un couple dont le chariot est enlisé dans la boue. L’homme et la femme, M. et Mme Greer, accomplissent un périple du Kansas à la Californie.  D’un commun accord, ils décident de cheminer avec Ben Stride (Randolph Scott) jusqu’à Flora Vista. Deux menaces pointent très vite : celle des Chiricahuas qui rapinent la région. Et celle de poursuivants qui espionnent les Greer et Stride, du haut d’une falaise. Qui sont-ils ? On le saura bien vite. Au bivouac, près d’une ferme abandonnée, deux cavaliers font irruption.

L’un d’entre eux n’est autre que Lee Marvin, qui figure d’ailleurs en troisième position au générique – un placement flatteur pour un acteur qui multipliait alors les rôles de complément. Dans la période, la liste des prestations remarquables de Marvin est longue : nous ne citerons ici que « Règlement de comptes » (réalisé par Fritz Lang), « Duel sans merci » (Raoul Walsh), « Un homme est passé » (de John Sturges, avec Spencer Tracy) et, évidemment, « L’Equipée sauvage », où il est opposé à Marlon Brando.

« Sept Hommes à abattre » compte également parmi ses meilleures interprétations des années 50. L’acteur fait tout pour se détacher du ghetto des habituels seconds couteaux et autres larrons du moment (Borgnine, Dan Duryea, Richard Boone, Lee Van Cleef…). Il joue donc de manière outrée, comme il le fera encore six ans après « Sept Hommes à abattre » dans « L’Homme qui tua Liberty Valance » (1962), mais aussi dans le western parodique qui lui vaut un Oscar : « Cat Ballou » (1965).   

Marvin en a pris son parti : pour être remarqué par le public, il lui faut appuyer ses effets, jouer de sa voix hyper-grave rappée par le Jack Daniel’s et les nuits blanches ; une autre manière de sortir du lot est d’adopter une gestuelle inhabituelle, des accessoires ou des éléments de costume originaux...

Dans « Sept Hommes à abattre », Masters, son personnage, porte ses deux revolvers crosses vers l’avant. Il ne faut pas longtemps pour comprendre que c’est un tueur, bandit ou chasseur de primes, peu importe. Quand il assène ses dialogues tour à tour menaçants ou narquois, il s’amuse avec l’une de ses armes, la pointant sur son comparse, ou bien caresse un cheval, tout en déclarant à Randolph Scott : « La seule chose qui me séparera des 20 000 dollars, ce sera vous ».

Masters fait référence à un holp-up qui s’est déroulé à Silver Springs, dans un dépôt de la Wells Fargo. Les bandits ont embarqué le pactole : 20 000 dollars en or placés dans un coffre. Au passage, ils ont tué la femme de Ben Stride, qui était employée par la Wells Fargo.

On comprend enfin les motivations de Stride : ancien shérif de Silver Springs, il est à la poursuite des assassins. Les deux hommes abattus dans la grotte, au début du film, faisaient partie de la bande…

La route sera longue jusqu’à Flora Vista où tous les protagonistes se retrouveront : Masters, qui convoite l’or, et les tueurs qui attendent de voir arriver le coffre… Aux deux tiers du film, Burt Kennedy nous sert un coup de théâtre dont il a le secret : les 20 000 dollars en or ont fait le chemin depuis Silver Springs, au nez et à la barbe de Ben Stride, dans le chariot des Greer !

Contre 500 dollars de récompense, Greer avait en effet accepté la sale besogne ; quand le pot aux roses est révélé, il n’en est pas fier. Evidemment, Ben Stride réussira à mettre hors d’état de nuire les auteurs du hold-up, à commencer par Masters.

Entretemps, Randolph Scott nous aura charmé par sa sobriété monolithique (nettement moins charismatique que celle de Gary Cooper, cela dit), et Lee Marvin nous aura régalé de ses extravagances. Citons pour le plaisir la séquence de son arrivée à Flora Vista. Il entre dans un saloon, joue avec son arme, la pointe sur un barman assoupi sur une chaise, fusil en main. Et il finit par faucher un pied de la chaise, d’un croc en jambe fort leste, provoquant la chute du type ensommeillé.

Plus tard, quand Ben Stride abat Masters, en combat singulier, dans un impressionnant décor de massifs rocheux granitiques, Marvin veille à soigner sa sortie : stupéfait par la rapidité du tir de Stride, Marvin tend les mains sous le choc comme s’il était suppliant… Il n’a même pas eu le temps de dégainer.  Avant de passer de vie à trépas, il trouve encore le moyen d’ajouter un détail : un court instant, il attrape le cadenas du coffre de la Wells Fargo… Une fin bien funeste pour un homme qui croyait l’or à portée de main.      

Christophe LECLERC

 

[1] « Colt 45 » est réalisé par Edwin L. Marin, avec lequel Randolph Scott s’était associé pour la production de films. Au total, l’acteur tournera huit films avec lui, entre 1946 et 1951. Marin a aussi dirigé John Wayne (dans « L’Amazone aux yeux verts », 1944). Après cette collaboration, Randolph Scott multipliera les films avec André de Toth (cinq films), puis Budd Boetticher (sept films).