Thèmes

société soi merci amis femme argent nuit film sur bleu bande tendresse écran dieu

Rechercher
Derniers commentaires Articles les plus lus

· LES COLLINES DE LA TERREUR : Bronson justicier du désert
· LA HORDE SAUVAGE OU LES DELICES DE L’EUTHANASIE DE MASSE
· SERAPHIM FALLS : PIERCE BROSNAN vs. LIAM NEESON
· Un Colt pour une corde : dernier western de l'impecc' Peck
· LA COLLINE DES POTENCES : UN GRAND COOPER DE PLUS

· Une introduction au western américain
· LA CONQUETE DE L'OUEST : LE WESTERN EN MODE CINERAMA
· LE SOUFFLE DE LA VIOLENCE : chef d'œuvre à réhabiliter
· COUP DE FOUET EN RETOUR : UN WIDMARK NERVEUX A SOUHAIT !
· Le Trésor du Pendu : une pépite à redécouvrir
· LE DUEL DES HEROS : DERNIER ROUND POUR DOUGLAS ET COBURN
· VALDEZ : « 100 $ pour un shérif » à la mode Burt Lancaster
· CONVOI DE FEMMES : L’AMOUR EST DANS LA PRAIRIE POUR WELLMAN
· LA BRIGADE DU TEXAS : KIRK DOUGLAS REALISATEUR SARCASTIQUE
· LE FILS DU DESERT : Les Rois Mages version John Ford

Voir plus 

Statistiques

Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour : 19.11.2025
218 articles


LES CHAROGNARDS : QUAND GENE HACKMAN CHASSAIT OLIVER REED

Publié le 27/12/2017 à 07:55 par vivelewestern Tags : soi merci amis femme argent nuit film sur bleu bande tendresse écran
LES CHAROGNARDS : QUAND GENE HACKMAN CHASSAIT OLIVER REED

THE HUNTING PARTY
de Don Medford (1971)

 

Une bande de hors la loi menée par Oliver Reed qui découpe presque à vif un bovin pour s’en régaler dans la foulée tandis qu’une femme (Candice Bergen qui venait de jouer dans Soldat Bleu) subit au lit la loi de son époux (Gene Hackman), l’entame des Charognards plante farouchement le décor dans un Ouest décadent à la Richard Brooks ou à la Peckinpah. 
The Hunting Partytourné en Espagne du côté d’Almeria sent son western spaghettisant jusque dans la bande originale de Riz Ortolani (Le dernier jour de la colère, Kill Bill) et ne s’embarrasse pas de longs discours. Une fois le générique déroulé, Bergen est kidnappé par Oliver Reed, secondé notamment par le toujours inquiétant L.Q Jones (La Horde Sauvage) aux intentions moins pacifiques que Reed, qui désire seulement profiter de ses capacités intellectuelles et non de ses charmes. C’est l’institutrice qu’il a enlevée et non une femme pour satisfaire ses instincts primaires, en ignorant que celle-ci est également l’épouse du potentat local campé par Hackman. Qui n’aura de cesse de récupérer sa moitié en usant de tous les moyens mis à disposition par sa fortune dont des fusils à lunette dernier cri qu’il destinait à une partie de chasse entre amis, au détour de laquelle ces messieurs entendaient se donner du bon temps en compagnie de prostituées à bord de son train. La chasse va dès lors prendre une toute autre tournure quand il découvre son infortune, se lançant à la poursuite des Charognards du titre français avec une ardeur rare de prédateur. Car comme en atteste la séquence où il s’apprête à violenter une péripatéticienne asiatique, Hackman n’est pas un tendre, c’est même un sadique et un pervers de la pire espèce qui ne vaut pas mieux que les gibiers de potence ayant capturé sa femme.
Medford qui émargea essentiellement à la télévision de l’orée des années 50 au crépuscule des années 80 sur des séries telles que L’Homme à la carabine, Les Incorruptibles, Sur la piste du crime, La Quatrième Dimension, Des agents très spéciaux, Le Fugitif, Les Envahisseurs, Baretta, L’Homme qui tombe à pic et Dynastie sait mettre en boite des épisodes à la chaine, vite et bien. Cette rare incursion pour lui sur le grand écran - hormis le pilote de la série Des Agents très spéciaux (To trap a spy) spécialement reformaté pour une sortie en salles en 1964 - se signale artistiquement par une certaine brièveté des dialogues et des plans relativement simples. 
Tombant de Charybde en Scylla, la pauvre Candice Bergen n’est pas à la fête, endurant finalement de Reed les mêmes types d’assauts conjugaux que sous la férule de Hackman, mais ponctués si l’on peut dire d’un semblant de tendresse et de reconnaissance. Détestable, Hackman l’est encore plus quand il confesse à son ami Simon Oakland qu’il ne doute pas un seul instant du sort qui attend sa femme, vouée à servir de « putain » à une bande de voyous qui réclameront 50 000 dollars pour la lui rendre, enceinte de surcroit à force d’avoir couché avec tous ses ravisseurs, se fichant pas mal des états d’âme de cette dernière pour se focaliser exclusivement sur son argent et son honneur. Dans la filmographie de Reed, le film tourné entre Les Diables de Ken Russell et La Cible Hurlante de Douglas Hickcock fait figure de jalon iconoclaste, incursion westernienne où l’interprète Hammerien de La Nuit du Loup-Garou compose une virile fripouille dans la lignée physique d’un Franco Nero ou d’un Gian Maria Volonte, voire dans le prolongement narratif du Jack Palance des Professionnels auquel l’intrigue renvoie, même si ici Hackman ne laisse surtout pas à une poignée de mercenaires le soin de mener la traque sanglante et d'administrer aux fuyards son châtiment suprême. Ralentis et gros plans sur les impacts sanglants résultants des tirs de précision de Hackman et sa Posse caractérisent le style très seventies de cette série B relativement méchante comme dans la séquence du carnage sur les rives d’une sorte d’oasis où les sbires de Reed s’apprêtaient à se désaltérer. 

S’aguerrissant au fil du récit, Bergen parvient à lutter à armes égales avec les mâles la convoitant, infligeant à l’un d’eux de terribles plaies au ventre avant que Hackman toujours sur leurs traces ne s’en vienne abréger les souffrances du violeur sans plus d’aménité. Son attaque villageoise en forme de tir aux pigeons précède une rude errance désertique ponctuée de sacrifices ultimes avant qu’un épilogue radical et nihiliste ne clôture cette œuvre méconnue. Et qui gagnerait à l’être davantage, ne serait-ce que pour les compositions de ces trois interprètes principaux, voués à une sombre destinée de sable et de sang mêlés, à la merci d’autres charognards, ceux-là venus du ciel.

Sébastien SOCIAS