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Rechercher Derniers commentairesparti chercher du lait il y a 2 ans
Par Anonyme, le 10.11.2025
imposteur
Par Anonyme, le 25.10.2025
l'auteur se fait plaisir
Par Anonyme, le 20.08.2025
nombrilisme cinéphile !
Par Anonyme, le 12.08.2025
nombrilisme cinéphile
Par Anonyme, le 12.08.2025
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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
19.11.2025
218 articles
Une fois de plus, on est bien obligé de constater que les titres français ont peu à voir avec les titres originaux, notamment en matière de western. Pourquoi être ainsi passé de Hour of the Gun (littéralement « l’heure du pistolet ») à Sept secondes en enfer, sinon pour « vendre » au mieux une histoire de vengeance insatisfaite ?
A bien des égards, ce film est une curiosité. Relativement méconnu, il s’inscrit comme une séquelle de Règlement de comptes à OK Corral, réalisé dix ans plus tôt par le même John Sturges. Les suites dans les westerns ne sont pas légions si on met de côté les serials et les films de tandems du type John Ford/John Wayne, Anthony Mann/James Stewart ou Budd Boetticher/Randolph Scott qui se retrouvaient volontiers pour de nouvelles aventures sans pour autant re-convoquer devant la caméra le même personnage patronymique. Le parti pris de Sturges et de son scénariste n’est pas exactement celui d’une séquelle classique. Généralement, les suites repartent de la conclusion de l’opus précédent et, tant qu’à faire, reprennent les mêmes interprètes dans les mêmes rôles. Ici, on assiste en ouverture au fameux règlement de comptes qui constituait le climax de Gunfight, sauf qu’il ne se déroule pas à l’identique et qu’il ne reprend que le lieu légendaire (le OK Corral), conviant au duel fameux d’autres visages pour en camper les protagonistes.
La psychologie des personnages en est du coup modifiée. Au lieu de nous amener à prendre faits et causes pour Earp et sa fratrie, on suit le shérif et ses adjoints, flanqués de Doc Holliday, marchant armés vers leurs adversaires, qui les attendent dans un endroit au demeurant assez minable, suffisamment en tout cas pour qu’on se fasse la réflexion que c’est bien la légende qui a contribué à magnifier rétrospectivement ce combat mortel et non l’adresse des tueurs ou l’originalité de leur poste de tir. Car en quelques secondes (sept ? un peu plus ce me semble…), tout est dit ou presque. Les Clanton sont éliminés et le clan Earp ne compte que des blessures superficielles. Commence alors un procès, inattendu, où le seul rescapé des Clanton, le leader Ike, en retrait lors de l’algarade, entend obtenir justice en faisant condamner Wyatt Earp pour meurtre avec préméditation. Ike Clanton, c’est Robert Ryan. Le rôle lui sied parfaitement même si déjà malade, il y est moins grandiose que dans Bad Day at Black Rock, moins désabusé cependant que dans La Horde Sauvage. C’est assurément le méchant de service par excellence mais un méchant moins manichéen qu’à l’accoutumée, flanqué de sbires en revanche bien agressifs, dont le tout jeune Jon Voight qui ne fera pas long feu. Sturges ayant du composer avec les exigences de United Artists, il n’a pu réunir face à Ryan le duo Burt Lancaster et Kirk Douglas pour ce qui aurait constitué de sympathiques retrouvailles. Les producteurs acceptèrent seulement qu’ils proposent à John Hudson et DeForrest Kelley de reprendre leurs rôles des frères Earp mais le premier n’était plus intéressé par le cinéma et le second quelque peu accaparé par Star Trek. Raison pour laquelle le casting est donc renouvelé entièrement, offrant à James Garner et Jason Robards deux magnifiques rôles. La relation entre les deux hommes s’alimente sans doute inconsciemment pour le spectateur de l’actif de Règlement de comptes. Pourtant, leur relation est ici moins ambigüe que dans le scénario précédent où certains critiques avaient perçu comme une relation homosexuelle sous-jacente, confortés dans leur analyse par le fait que le premier script ne prévoyait pas de personnage féminin majeur, rajouté par la suite pour édulcorer précisément la teneur trop intime des échanges entre Earp et Holliday. Ici, il n’y a pas d’ambivalence entre les deux hommes malgré l’absence de femme entre eux.
Garner incarne un chef de meute inflexible, une sorte d’Elliott Ness de l’Ouest sauvage, dont la famille règne en maitre sur Tombstone. Quant à Robards, c’est une fine gâchette, un joueur, un tuberculeux en fin de course, qui rappelle davantage la force un peu brute de Victor Mature dans My Darling Clementine. Le scénario esquisse à peine les personnages de Virgil et de Morgan Earp, qui ne vont pas tarder à endurer physiquement la vendetta de Ike Clanton, avant de disparaitre du paysage, que ce soit définitivement pour l’un ou par principe de précaution pour l’autre. Du reste, pour revenir sur le caractère éminemment masculin de cet univers de mâles énervés, lorsque Wyatt escorte son frère estropié et sa petite famille jusqu’à la gare pour qu’ils échappent à la vindicte de Clanton, le seul personnage féminin du récit est à peine plus qu’une silhouette, comme si dans cet univers masculin à fort taux de testostérone, une lady n’avait pas vraiment sa place. Il n’y en a aucune en tout cas qui vient se placer entre Garner et Robards, parfait contre pied des deux histoires précédentes (Ford avait tout de même opté pour une histoire romantique, ne serait ce que de par son titre My Darling Clementine, en contrepoint de la fusillade, offrant à Linda Darnell l’un des ses plus beaux rôles). En reprenant par ailleurs les minutes de la fusillade, on s’aperçoit que chaque version s’est singulièrement arrangée avec la vérité historique, convoquant plus ou moins de frères Earp que nécessaire, modifiant leur âge, voire faisant périr à l’issue des coups de feu échangés des protagonistes soit absents, soit décédés, avant ou après. Même la qualité exacte de chacun est sujette à caution : Wyatt n’aurait été que l’adjoint de son frère Virgil et le Doc tout au plus un dentiste mais certainement pas un médecin diplômé.
Sept secondes en enfer marque par sa pugnacité, incarnée par la détermination farouche de Garner qui se pose moins comme un représentant de la loi qu’en justicier. Tout de noir vêtu, il est un ange de la mort qui va poursuivre jusqu’en territoire étranger l’objet de son courroux, épaulé par Robards qui voit là comme un dérivatif à sa maladie. Car il se sait condamné et l’Ouest sauvage avec lui. Du reste, les deux hommes voyagent en train la plupart du temps, dans un décor de moins en moins formaté pour les grandes chevauchées. Mais c’est pourtant à cheval qu’ils passeront la frontière et rattraperont Ike Clanton, comme on franchit un dernier cap. Leur dernier coup d’éclat commun n’empêchera pas Holliday d’être emporté par la maladie, non sans que son vieux complice ne vienne le saluer lors d’un tête à tête bien idéalisé. Efficace, pratiquement traité comme un polar, le film bénéficie d’une entêtante bande originale signée Jerry Goldsmith et d’une photographie remarquable du grand Lucien Ballard, aussi à l’aise dans le noir et blanc (La femme et le pantin / la version de The Lodger avec Laird Cregar / Laura / Ultime Razzia) que dans la couleur (La Party), étant au demeurant de presque tous les derniers feux testamentaires du genre (Coups de feu dans la Sierra / Nevada Smith / Will Penny / La Horde Sauvage / Cent Dollars pour un shérif sans oublier Junior Bonner qu’on peut qualifier de proto-western). Sans oublier d'excellents seconds couteaux tels qu'Albert Salmi, Charles Aidman et William Windom qui vient de nous quitter après une longue carrière au cinéma et à la télévision.
Si certains puristes lui préfèrent d’autres réalisateurs plus prestigieux, John Sturges a eu au moins le mérite de tourner vite et bien, en offrant à ses comédiens des partitions qui n’avaient rien d’anecdotique, clôturant sa filmographie par un divertissant Aigle s’est envolé, où le flegme britannique est mis à rude épreuve par un commando allemand emmené par Michael Caine et Robert Duvall qui tente de kidnapper Churchill. Pas si à l'Ouest que cela John Sturges, n'en déplaise à certains dictionnaires du cinéma qui l'ont complaisamment égratigné dans leurs notules...
USA. 1967. Réal.: John Sturges. Avec : James Garner, Jason Robards, Robert Ryan, Jon Voight, William Windom. 1h40. United Artists.
Sébastien Socias
pas vu mais le bouquin est bienEcrire un commentaire