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Par Anonyme, le 20.08.2025
nombrilisme cinéphile !
Par Anonyme, le 12.08.2025
nombrilisme cinéphile
Par Anonyme, le 12.08.2025
nombrilisme cinéphile
Par Anonyme, le 12.08.2025
auteur prétentieux !
Par Anonyme, le 28.02.2025
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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
16.09.2025
216 articles
Comme le rappelle très bien Patrick Brion en supplément de l'édition DVD que Sidonis consacre à Showdown rebaptisé en français « Duel dans la Poussière », le réalisateur George Seaton n'était pas un familier des westerns.
C'est même son unique incursion dans le genre, plus à l'aise dans des productions dont le promoteur du Cinéma de Minuit évoque quelques titres qui donnent envie d'une sortie en DVD ou d'un passage télé, notamment Un parfait salaudavec William Holden et Deborah Kerr et 36 heures avant le débarquement avec James Garner. On lui doit également Un Homme doit Mourir, suspens psychologique guerrier avec Kirk Douglas et l'un des premiers films catastrophes, Airport, avec Burt Lancaster et déjà Dean Martin.
Le pitch est assez plaisant : soit Dean Martin, arborant une étoile de shérif et convoyant benoitement un détenu en train jusqu'à ce que le convoi soit attaqué par des bandits. Afin de préserver l'intégrité physique des passagers, il leur suggère de regrouper leurs biens de valeur pour éviter tout désagrément avec les pilleurs qui dévalisent le wagon postal. Libérant son prisonnier, Dean Martin rafle le ballot dans lequel il a rassemblé bijoux et portefeuilles et salue la compagnie en laissant tomber le masque : c'est lui l'instigateur du braquage !
La nouvelle se répand dans la contrée, contraignant le vrai shérif local, fermier à ses heures, campé par Rock Hudson, de se lancer à la poursuite des voleurs. Mais les deux hommes sont quelque peu liés. Amis d'enfance (même si à la ville Dean Martin est tout de même l'ainé de Rock Hudson de 8 ans...), ils ont acheté un ranch ensemble mais l'association a mal tourné et Dean Martin a pris la route pour vivre sa vie d'outlaw. S'étant allié à un trio de compères qui entendent ne lui verser qu'une portion congrue du magot, Dean Martin les double au moment du partage et abat même l'un de ses complices dans sa fuite.
Entrecoupant l'action de flashblacks nostalgiques, la mise en scène se repose complaisamment sur le jeu des acteurs. Le duo vedette tient ses promesses même si Dean Martin a parfois l'air moins "star du cool" que quinquagénaire blasé physiquement par son rôle de maverick sur le retour. Il émane de son jeu une certaine forme de lassitude, comme si la grande époque d'Hollywood et de Las Vegas était désormais derrière lui et qu'il avançait vers un âge non plus d'or mais de vermeille platinée.
Dans le tandem qu'il forme avec un Rock Hudson moustachu, c'est donc ce dernier qui a conservé la ferme et conquis le cœur de la femme (Susan Clark vue notamment dans Valdez et Columbo) avec laquelle ils formaient un équivoque ménage à trois à la Butch Cassidy & le Kid (sorti quatre ans plus tôt).
Des deux, Hudson est le plus solide, Rock suffisamment grand et imposant pour devoir se baisser quand il franchit le seuil de certaines pièces de sa maisonnée, tandis que Dean Martin doit se contenter de dormir à la belle étoile. Sur un ton parfois gentillet de comédie (les bagarres sont soulignées par des notes presque parodiques), le film profite des grands espaces du Nouveau Mexique pour permettre à Dean Martin de tenter d'échapper à la fois à ceux qu'il a trahi comme à son vieil ami d'enfance.
Le thème de l'homme seul, contraint de franchir des montagnes en quête d'une hypothétique liberté rappelle à la fois Humphrey Bogart dans High Sierra de Raoul Walsh et Kirk Douglas dans le magistral et poignant Seuls sont les indomptés. Quand Dean Martin doit franchir une passe escarpée, il explique posément à son cheval ce qu'ils vont devoir accomplir ensemble, à l'instar des relations que Kirk Douglas entretenait avec sa propre monture dans le film de David Miller.
Dans les deux cas, c'est clairement la fin d'une époque. La nouvelle frontière à laquelle ces mavericks aspirent ne cesse de se rapprocher, de se racornir comme peau de chagrin. Au point que Dean Martin pense trouver refuge chez Rock Hudson et ne doutant vraiment de rien, embrasse Susan Clark comme si elle était leur bien commun. A son grand étonnement, il apprend alors que son vieil ami est devenu le shérif de l'endroit et qu'il est chargé de l'interpeller. Mauvaise pioche !
Le « buddy movie » se délite toutefois au bout d'une heure lorsque Dean Martin se refusant de tirer sur son « old fellow » laisse ce dernier le coffrer. Et, tandis que Dean Martin attend en prison son procès, Rock Hudson emmène son épouse à Santa Fé prendre un peu de bon temps, ce qui a pour effet immédiat de ralentir l'action. Depuis le sympathique Bandolero d'Andrew V. McLaglen (1968), on sait pertinemment que Dean Martin n'est pas du genre à croupir derrière des barreaux mais ici, ce n'est pas James Stewart qui le sauve de la potence mais son propre instinct de survie. Pendant que Susan Clark se complait dans des essayages en petite tenue, l'ami de la famille prend donc la poudre d'escampette, ce qui contraint les tourtereaux à interrompre précipitamment leur escapade amoureuse et leurs achats.
Mais cette fois, les édiles locaux ont l'intention de flanquer Rock Hudson d'une Posse pour que les chasseurs ne rentrent pas bredouille, sous-entendant que Martin a trop profité de la loyauté d'Hudson et que le temps de la clémence est désormais révolu...
Peu diffusé à la télévision, Showdown est un western typique des années 70 qui bénéficie d'une belle photo signée Ernest Laszlo (qui pour l'anecdote tournera ensuite l'Age de Cristal, dont sera tirée une série télé qui comptera à son générique dans le rôle d'un androïde baptisé Rem le longiligne Donald Moffat, lequel est ici même l'un des complices de Dean Martin) et d'une partition de David Shire (auquel on doit celle du Zodiac de David Fincher et des Hommes du Président) qui se laisse plaisamment écouter dans le dernier tiers de l'œuvre.
Il comporte également de bonnes idées (l'incendie dans la forêt notamment), des comédiens solides, de beaux extérieurs mais aussi des temps morts, comme si cette décennie du "grand doute" américain contaminait le genre, y compris dans ses livraisons plus mineures. Et quand les deux amis en viennent à se faire face de nouveau, le fair play n'est plus de mise, chacun jouant au plus fin en prétendant ne plus avoir d'armes, tout en dégainant celles qu'ils avaient dissimulé sur eux.
Mais au lieu de s'entretuer, les vieux briscards, cachés derrière des troncs d'arbres noircis encore fumants du meilleur effet visuel charbonneux, n'ont d'autre choix que de s'allier derechef pour affronter la Posse diligentée à l'insu d'Hudson pour arrêter Dean Martin, dans laquelle se sont glissés les complices de ce dernier. Cernés de toutes parts, avec l'humour distancié qui sied aux braves, ils affrontent alors crânement la mort, l'un des deux amis perdant fatalement la vie (inutile de vous révéler lequel...) lors de l'algarade finale.
Alors, le rescapé prendra soin de confier le corps du défunt à la rivière, pour une cérémonie funéraire originale où son chagrin se noiera sobrement dans le courant, avant qu'il ne reparte seul, bien seul. Ponctuant ainsi d'une note symboliquement triste et élégante leur adieu commun au western; genres qu'ils abordèrent chacun avec deux maîtres, Hudson figurant dès 1950 dans Winchester 73 d'Anthony Mann, Martin triomphant à la fin de la décade chez Hawks en adjoint ivrogne du shérif John Wayne de Rio Bravo...
Sébastien Socias