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THE LAST FRONTIER : UN VICTOR TRES MATURE POUR ANTHONY MANN

Publié le 07/10/2013 à 18:03 par vivelewestern Tags : blonde chevaux monde chez amis femme cadre nature nuit écran
THE LAST FRONTIER  : UN VICTOR TRES MATURE POUR ANTHONY MANN

 

La Charge des tuniques bleues (The Last Frontier)

d’Anthony Mann - 1956

 

Quand Victor Mature sort du bois…

 

On a longtemps cru que Victor Mature était le chaînon manquant entre l’homo erectus et Sylvester Stallone. On s’était trompé : Mature était un acteur… et même bougrement bon quand on voulait bien lui confier un rôle à sa mesure.

Dans La Charge des Tuniques Bleues, le directeur de casting ne s’est pas trompé : Mature, force brute, hirsute et exubérant, est parfaitement à sa place. Incarnant le trappeur, l’homme des bois, il est meilleur que ne l’étaient Gable, Kirk Douglas ou même Lancaster, L’Homme du Kentucky, dans le même emploi. Son atout, c’est la force sauvage qu’il dégage naturellement et qui l’imposa dans le rôle de Samson chez DeMille, face au lion dans le rôle d’Androclès, ou dans l’arène de Delmer Daves (Les Gladiateurs).

Trappeur, Mature n’est pas solitaire ; il sillonne les plaines et les forêts avec un Indien et un vieil ami, Gus (Lloyd Bridges), qui l’a élevé. Il n’est pas seul mais il est libre. Cette liberté, c’est la civilisation qui vient y mettre un terme sous la forme d’un fort de cavalerie. Jusqu’alors, Jed Cooper et ses amis cohabitaient très bien avec les Indiens… mais les blancs bousculent cet équilibre précaire. Nuage Rouge, le chef indien, veut en découdre. Et Cooper, comme tout autre blanc, n’est plus le bienvenu sur ses terres : alors, il le dépouille de ses chevaux, de ses peaux, de ses fusils. C’est ce qui pousse le trappeur inculte à gagner le fort : il vient réclamer un dédommagement.

Le destin en décidera autrement : pour 25 dollars par mois, Jed Cooper et les autres jugent que le métier d’éclaireur pour l’armée n’est pas si mal. Et puis le capitaine Riordan joué par Guy Madison a une tête qui revient au trappeur. Alors… Mais voilà, le problème, c’est que Jed n’est pas civilisé, comme le lui dit le capitaine. S’éprendre de la femme du colonel, comme il le fait, est donc une erreur… de casting. Gus le met en garde : « Il faut l’oublier. Elle n’est pas faite pour toi. Tu ne sais même pas lire et écrire ». Jed n’en a cure. Il veut rentrer dans le rang, devenir civilisé, et c’est cette femme-là sur laquelle il jeté son dévolu.

Lors d’une reconnaissance, le colonel tombe dans un trou creusé par les Indiens pour piéger les ours. Jed pense ne pas lui porter secours : « Il ne reviendra plus… C’est bien ce que tout le monde voulait ! »

La blonde ne lui est pas plus reconnaissante que le capitaine, qui s’opposait pourtant violemment au colonel, un va-t’en-guerre de la pire espèce. A la nuit, Jed part rechercher le colonel… que reprennent ses rêves de victoire et de gloire. Une fois sorti de son trou, Marston est repris par ses démons : bien décidé à anéantir Nuage Rouge et ses hommes. « La fortune ne sourit-elle pas aux audacieux ? » Espoirs vains : le colonel Marston joué par Robert Preston est un déclassé, aigri et bravache, une sorte de Custer, qui renvoie à une autre figure de cinéma : le colonel Thurday (Henry Fonda) dans La Poursuite infernale.

D’un coup, d’un seul, il a perdu 1 500 hommes dans une bataille contre les confédérés… ce qui explique sans doute son éloignement dans un fort minable aux confins de la civilisation. Ou aux avant-postes, si l’on préfère. La civilisation contre la nature sauvage, l’ordre contre la liberté, c’est un thème courant du western. Il est traité ici avec originalité et finesse.

 

La patte de Philip Yordan, le scénariste – ou de l’un de ses nègres, puisqu’il est réputé pour avoir fait travailler en sous-main quantité de ses confrères - n’y est peut-être pas pour rien. L’expérience et le style d’Anthony Mann non plus. On appréciera ces plans magnifiques ou, plutôt que filmer une seule chose, il remplit son cadre avec intelligence, en peintre de goût. Ainsi quand Jed Cooper neutralise au lasso une sentinelle indienne : à droite, au loin, il y a les tipis et, plus loin encore, sur la gauche, on aperçoit une troupe de cavaliers. De même quand, plus tard, Gus s’avance prudemment dans une plaine inquiétante, en éclaireur ; au milieu du cadre, les Indiens sont tapis en embuscade ; au premier plan, Jed, perché dans un arbre, observe.

On ne voit guère que David Lean pour avoir eu ce talent, cette capacité à remplir le cadre avec autant de perspicacité. Peckinpah aussi, peut-être, avec Major Dundee et La Horde sauvage. Et Marston aura sa charge contre les Indiens. Mais pas son triomphe. Il échouera lamentablement, menant droit au massacre tous ses cavaliers, tandis que Jed fait battre en retraite l’infanterie, talonnée par les Indiens. Il y gagnera une vareuse bleue, ses galons de sergent et, on peut le penser, le cœur de la veuve blonde du colonel. Il se sera civilisé, pour le bien de tous. Détail amusant : dans cette Charge des Tuniques Bleues, on notera l’apparition discrète de Guy Williams qui ne dit pas plus de deux mots. Deux ans plus tard, il sera une vedette du petit écran dans le rôle mythique du Zorro produit par Disney.

 

Christophe LECLERC