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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
12.10.2025
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de Giulo Petroni - 1967
« La Mort est au rendez-vous » est l’un des quatre cents et quelques westerns de la production made in Italy, entre 1964 et 1973.
Pas le meilleur, pas le pire non plus. L’histoire emprunte aux classiques américains : c’est une histoire de vengeance. Et le film de Petroni est clairement une copie des films du maître du genre, Sergio Leone, l’homme qui inventa littéralement le western spaghetti.
Tout d’abord, comme la trilogie du dollar, « La Mort est au rendez-vous » a été tourné en Espagne (à bas coût sans doute). On reconnaît aisément les monts pelés à la pointe de l’Andalousie, du côté d’Almeria. Petroni reprend d’autres canons des films de Leone : la musique est d’Ennio Morricone comme il se doit, et de nombreuses trognes de « La Mort est au rendez-vous » ont été vues chez Leone : l’ombrageux Luigi Pistilli (ici une fripouille reconvertie en banquier nommé Walcott), Mario Braga (présent dans la trilogie complète) et bien sûr, last but not least, l’Américain Lee Van Cleef, qui de troisième couteau à Hollywood passa au statut de vedette internationale grâce à Leone.
« La Mort est au rendez-vous » est donc ultra-référencé, avec un fort air de « déjà vu », et c’est sous cet angle qu’il s’avère distrayant de l’étudier. Dès le début de la bande, Van Cleef ressuscite le colonel Mortimer, son personnage de « Et pour quelques dollars de plus » et le moins romantique Sentenza du « Bon, la brute et le truand » : même chapeau, même pipe, même sourire vicieux découvrant des dents pointus, les yeux plissés en amande, et le visage osseux, si caractéristique, barré d’une moustache qu’il ne portait pas dans « Le Train sifflera trois fois » où il fit ses débuts, « Règlement de comptes à OK Corral » ou encore « L’Homme qui tua Liberty Valance ».
Van Cleef pouvait remercier ses géniteurs de lui avoir donné un faciès qui fit de lui au cinéma comme à la TV (« Zorro », « Au nom de la loi », « Les Incorruptibles »…), un stéréotype du chasseur de primes rusé et cruel tellement emblématique qu’il trône même en couverture d’un album de Lucky Luke.
Dans ses entretiens avec Noël Simsolo, Sergio Leone a raconté comment il avait été amené à recruter Lee Van Cleef : au départ, il voulait Lee Marvin. Mais trois jours avant le tournage de « Et pour quelques dollars de plus », celui-ci s’était désisté. Il avait préféré tourner « Cat Ballou » (qui lui vaudra un Oscar). Affolé, Leone avait pris l’avion toutes affaires cessantes pour trouver Lee Van Cleef, qu’il se souvenait avoir vu dans « Le Train sifflera trois fois » et « Les Bravados ». À Los Angeles, Van Cleef n’avait pu qu’accepter la proposition du réalisateur italien : vaguement reconverti en artiste peintre, il était dans la misère.
Dans l’avion pour l’Europe, Van Cleef avait lu le scénario : « C’est shakespearien ! », s’était-il exclamé. Arrivé sur le plateau, à Cinecittà, à 13h, Lee Van Cleef commença à tourner dès 14h15. Il pouvait se le permettre, il avait acquis un métier très sûr, et il n’avait rien à perdre.
Dans « La Mort est au rendez-vous », son charisme et son jeu tout à la fois élégant et flegmatique tranche avec celui de John Philip Law, son partenaire à l’affiche. Ce dernier, érigé ici en clone de Clint Eastwood, n’en exhibe que les oripeaux, en premier lieu la veste en peau de mouton ; significativement doublé par Jacques Deschamps, la voix attitrée de Clint dans quantité de films, Law n’est qu’une pâle silhouette de « l’homme sans nom », un acteur immense par la taille (1,95 m), mais un talent malheureusement fort limité, ce qui nuit quelque peu au film de Petroni.
Sans doute la production avait-elle imposé à ce dernier l’acteur californien formé à la psychologie… Les Français se souviennent surtout de John Philip Law parce qu’il a incarné l’inoxydable Docteur Justice, une bande dessinée du magazine « Pif Gadget » dans les années 70 (tournage sur lequel il se blesse gravement), après avoir campé en 1968 le rôle-titre de « Danger : Diabolik » réalisé par le grand Mario Bava et donné la réplique à Jane Fonda dans le « Barbarella » de Vadim. Il sera également « Michel Strogoff » pour Eriprando Visconti puis « Baron Rouge » chez Roger Corman à l’orée des années 70 et même Sinbad le marin devant la caméra de Gordon Hessler, avant de faire un tour sur « Le Pont de Cassandra » et dans « Tarzan, l’Homme singe » de John Derek.
L’ouverture de « La Mort est au rendez-vous » affiche tout de suite la couleur ; la musique anxiogène de Morricone accompagne les déplacements furtifs d’un gang de pistoleros forcément mal intentionnés, dans la nuit et sous la pluie. Elle annonce un massacre qui rappelle immédiatement celui de « Il était une fois dans l’Ouest » : une famille est éliminée (les femmes violées puis assassinées) sous les yeux d’un enfant – qui sera épargné, grâce à la mansuétude de l’un des pistoleros portant un pendentif à tête de mort.
Comme le « Nevada Smith » de Hathaway (1965), Bill ne pensera plus qu’à se venger, devenant un as du tir au pistolet. Sur sa route, il trouvera constamment un autre tireur avide de vengeance, Ryan (Van Cleef) et tout le film sera une sorte de chassé-croisé, digne de « Et pour quelques dollars de plus ». Des chants tribaux et une flute traversière stridente (la bande de Morricone est certainement l’une de ses plus insupportables) annoncent la présence du gang qui jadis massacra la famille de Bill.
Dans une ville insipide, Bill et Ryan cherchent les mêmes hommes. Ryan a ses raisons aussi : le gang l’a donné aux autorités, voici quinze ans, à la suite d’un hold-up en bande organisée… et Ryan a hérité d’une peine de bagne qui passe mal. Il est bien décidé à être le premier à faire rendre gorge à ses anciens acolytes ; Bill, le freluquet, annonce cependant sa détermination : « il faudra que tu me tues, sinon tu me retrouveras toujours sur ta route ». Pas de quoi impressionner le vieux routier Van Cleef…
Ce sont finalement ses anciens complices, sachant qu’il a achevé sa peine au bagne, qui le trouvent le premier. Deux tueurs entrent dans sa chambre nuitamment, mais Ryan aussi rusé que Mortimer a pris ses précautions : ils les envoient promptement rejoindre leurs ancêtres, concluant la fusillade d’un bon mot : « Ils sont entrés en pleine nuit et ce n’était certainement pas pour me border ». Là encore, on retrouve l’humour pince sans rire, et même glaçant, des dialogues écrits pour les films de Leone.
Pour respecter les canons du genre, la violence outrée est obligatoirement de mise : Ryan, capturé par l’un de ses anciens complices, est salement dérouillé comme Eastwood dans « Pour une poignée de dollars ». Le grand fauve était venu pour être dédommagé, exigeant avec assurance 15 000 dollars, c’est-à-dire 1 000 dollars par année de bagne. Paradoxalement, Bill le débutant interprété par le médiocre John Philip Law prend l’avantage à chaque affrontement dans plus de la moitié du film. C’est lui qui traque Cavanaugh, l’assassin de sa sœur (incarné par Anthony Dawson, une figure familière des premiers James Bond). Commentaire de Ryan qui arrive après que Bill ait rayé Cavanaugh de la surface de la terre : « Quatre balle pour tuer un homme, c’est du gâchis ».
Walcott, l’autre leader de la bande d’assassins, ne tarde pas à être découvert par Ryan et Bill. Là encore, c’est l’aîné, Ryan, qui se retrouve en mauvaise posture et Bill se porte à son secours (il le fait évader des geôles de Walcott). Peu après, il poursuivra sa route, laissant Ryan sans cheval – une mauvaise plaisanterie entre les deux hommes, qui se répète plusieurs fois dans le film.
Le long dénouement de « La Mort est au rendez-vous » se jouera dans un petit pueblo blanc que l’on croit avoir vu ailleurs (dans « La poursuite des Tuniques bleues », de Phil Karlson, peut-être). Après avoir pastiché la posture d’Eastwood (le chapeau sur les yeux, assis paisiblement dans le coin d’une pièce) et avoir éliminé le violeur de sa mère, Bill se trouve à son tour capturé. Nécessairement supplicié (enterré jusqu’au cou, sous un soleil de plomb, les lèvres couvertes de sel), Bill ne devra son salut qu’à Ryan, arrivé à point nommé.
Retranchés dans le pueblo, les deux hommes tendent ensuite un piège aux pistoleros, enjoignant les villageois mexicains à l’auto-défense (ni plus ni moins, le schéma des « Sept Mercenaires »). Mais Ryan et Bill sont rapidement débordés par le nombre de leurs agresseurs. Réfugiés dans la cantina, ils se côtoient, pensent-ils, pour un dernier baroud d’honneur. C’est alors que Bill reconnaît le pendentif autour du cou de Ryan : une tête de mort… Le scénario est un peu téléphoné : on se doute bien que Ryan est l’homme qui, jadis, avait sauvé l’enfant du massacre de sa famille… tout en ayant fait partie des agresseurs.
Après 125 minutes de bande, Petroni doit conclure : Bill voit rouge, on pense qu’il va abattre Ryan, philosophe et résigné à son sort. On s’attend à un dernier gunfight. Mais Bill laisse cependant Ryan poursuivre sa route, tandis que les billets du truand Wallcott s’envolent au vent. Ultime clin d’œil. Au « Trésor de la Sierra Madre » de Huston, cette fois.
Christophe LECLERC