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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
16.09.2025
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(Springfield Rifle- André de Toth – 1952)
DansLa Mission du Commandant Lex, qu’il tourne après le célèbreTrain sifflera trois fois, Gary Cooper endosse la tunique bleue de l’officier nordiste. Accusé d’avoir abandonné sans combattre un troupeau de chevaux qui doit permettre à son camp de mener une offensive décisive contre le Sud, le major Alex Kearney, un Virginien, est jugé en cour martiale et rayé des cadres.
Postulat original puisque loin d’apparaître ici en héros irréprochable, Cooper est bien plutôt un lâche, voire un traître, qui doit reconquérir son honneur perdu. Il faudra 45 minutes pour apprendre que tout cela n’était qu'une supercherie : le procès de Kearney était un leurre. Car l’homme est en mission. Il doit infiltrer le groupe de voleurs de chevaux, systématiquement informé du trajet adopté par les convois nordistes – et donc démasquer la « taupe » dans ses propres rangs.
Après une heure de film et bien des rebondissements savamment distillés, Lex (le nom qu’il adoptera désormais et qui renvoie tout de même à l'adage "dura lex, sed lex" comme si Cooper faisait sa loi, celle de l'honneur, coûte que coûte...) parvient à prendre la tête de la troupe de pillards. Las, le traître est en fait son propre colonel (interprété par Paul Kelly) ! Celui-ci parvient à percer à jour le double jeu de Lex/Kearney… et le compromet en lui faisant endosser la paternité du meurtre d’un officier supérieur nordiste. Lex est, comme au début du film, placé en cellule. Plus de jugement cette fois. C’est la potence qui attend le prétendu assassin. Cependant, Cooper est un héros impeccable… Il ne saurait mourir. Fort opportunément, un sergent qui l’admire et qui a compris de quoi il retournait, le fait évader. Lex peut se lancer à la poursuite du colonel félon. Course effrénée à cheval. Capture. Kearney est publiquement réhabilité dans les rangs de l’Armée. Happy end.
Loin d’être un simple véhicule pour la star, cetteMission du commandant Lex est, à bien des égards, pleine de surprises.Elle confirme qu’un film réussi est le plus souvent le fruit d’une conjugaison de talents et non l’œuvre d’un seul homme, le réalisateur, aussi génial fut-il (cette observation vaut d’ailleurs pourCitizen Kane, premier film d’un saltimbanque surdoué âgé de 25 ans, qui avait su bien s’entourer : Orson Welles). En l’occurrence, l’équipe qui présida aux destinées de cette série B est de grande valeur. Le film est produit par Louis F. Edelman, appointé à la Warner, à qui l’on doit aussiLa Vallée des géants/The Big Trees, autre western au scénario original, avec Kirk Douglas cette fois; il est signé par André de Toth, un Hongrois immigré à Hollywood, sur lequel on aura l’occasion de revenir dans ce blog. Au scénario, on retrouve la griffe de Charles Marquis Warren, un artisan d’Hollywood peu connu du grand public, mais signalé par Tavernier et Coursodon, dans leur fameux50 ans de cinéma américain, comme réalisateur de quelques curiosités.
La partition musicale enfin, incombe à Max Steiner, un Viennois ancien élève de Mahler, et auteur d’une bonne centaine de compositions pour le cinéma américain (essentiellement pour la Warner), parmi lesquelles on compte rien moins que les bandes originales d’Autant en emporte le vent,La Charge fantastique,Le Roman de Mildred Pierce,Le Trésor de la Sierra Madre,Ouragan sur le Caine,L’Esclave libre etLa Prisonnière du désert. Sa route a bien souvent croisé celle de Cooper à l’écran, ce qu'illustrent les musiques desTrois Lanciers du Bengale,Sergent York, L’Intrigante de Saratoga,Cape et poignard,Le Rebelle et Les Aventures du Capitaine Wyatt… Pour tout dire, Steiner est même l’un des pères fondateurs de la musique de films américains, avec Erich Wolfgang Korngold et Alfred Newman.
On doit certainement à de Toth et Marquis Warren, deux hommes peu enclins à la routine, les nombreuses audaces qui font l’attrait de cetteMission…Des audaces scénaristiques d’abord. Citons en quelques unes : lesujet du film, d’abord, sort des sentiers battus : la mission de Kearney est une action de contre espionnage, un thème très peu abordé dans le western. Autre idée astucieuse : le titre original du film (Springfield Rifle) fait référence au fusil Springfield, l’un des premiers à pouvoir être pourvu d’une culasse mobile – jusqu’alors on chargeait les fusils par le canon. Certes, le Springfield sera peu évoqué dans le film, il relève plus d’un prétexte, peu exploité dans la bande, mais on peut tout de même saluer l’idée qui consistait à mettre en valeur une innovation technologique, filon relativement peu traité dans le western de l’époque, si on excepte bien évidemment le Winchester 73 d'Anthony Mann.
Originales aussi les relations conflictuelles de Kearney/Lex avec sa femme, qui ne le soutient pas dans son entreprise et sa rudesse avec elle (« Je t’ai dit tout ce que j’avais à te dire »), qui ne correspond pas aux traditionnelles scènes de badinage romantique, nichées entre les scènes d’action, dans un grand nombre de westerns. Dans beaucoup d’entre eux, commeL’Homme aux colts d’or, ce type de scènes résulte uniquement de la volonté de séduire tous les publics et ne fait en rien avancer le récit.La Mission du commandant Lex recèle aussi des audaces visuelles. Peu de transparences, une mise en valeur des paysages qui peut être mesurée à l'aune des meilleurs westerns de l'incontournable Mann ou de Delmer Daves et une séquence de procès inventive et dynamisée par une suite de panos / fondus enchaînés.
Comme les spectateurs de 1952, on voit d’abordLa Mission du commandant Lex pour Gary Cooper qui avait obtenu par contrat un contrôle absolu sur les scripts qui lui étaient proposés, et ce dès 1944. La star porte le film sur ses solides épaules, surpassant de très loin tous les autres comédiens par la justesse de son jeu, cette fameuse sobriété – les spécialistes diraientunderplay –, qui garantit sa modernité (on peut constater combien le jeu de Cooper a peu vieilli) et ce sens unique du timing. Un seul exemple de sa sobriété, qui fait mouche : pendant la scène du procès, Cooper conserve ses mains en dessous de la table, comme pour signifier son humilité, le dépouillement dans lequel l’homme, qui est en train de tout perdre, se trouve placé. La scène de dégradation est finalement une métaphore de la sobriété et de la simplicité de Cooper. Une fois qu’on lui a ôté ses galons et son sabre, il est conduit à l’extérieur de l’enceinte de la garnison. Cooper est encadré par quatre hommes et on est frappé par sa haute taille, qui le distingue naturellement, en plus de l’élégance de sa démarche.
Quand on a vu Cooper descendre la rue principale de la ville dansLe Train sifflera trois fois, seul, abandonné de tous, mais extrêmement digne, on reste à jamais marqué par son style inégalable… On ne connaît guère que deux acteurs de la même trempe, aussi simplement élégants, dans leurs déplacements : Henry Fonda et Clint Eastwood. Mais entendons nous bien, Cooper n’a rien d’une gravure de mode. Ici, il n’hésite pas à faire le coup de poing. Cette séquence donne lieu à une situation originale, là encore : étant venu à bout de son adversaire (un sale type qui battait son cheval), Lex lui lacère le postérieur avec la lame d’un couteau. De la sorte, le malfaisant n’est pas prêt de pouvoir remonter à cheval, châtié par là où il venait de pêcher en quelque sorte...
A propos de Cooper, le critique Roger Tailleur écrivait en 1961 :« C’était un acteur dont on se disait, la tête en l’air, qu’il était très limité, mais dont il faut bien convenir, la tête entre les mains, qu’il était de tous le plus complet (…) ». Et de poursuivre sa nécrologie-hommage :« C’était le plus expressif, mais il se contentait de lever un pouce là où d’autres battaient des bras, et aux moments de grande exaltation il plissait son œil gris et réprimait plus qu’il n’esquissait, un sourire ». (Roger Tailleur, « Gary Cooper. De la mort d’un héros à la fin d’un monde »,Positif, n° 40, juillet 1961.). Au terme deLa Mission du commandant Lex, après 90 minutes de film, Gary Cooper s’éloigne pour de nouvelles aventures. Il lui reste encore de grands westerns à tourner :Vera Cruz de Robert Aldrich,L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann etLa Colline des potences de Delmer Daves…
Christophe LECLERC
un western clasique et moyen
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